24 janvier 2025 - JOURNÉE INTERNATIONALE DE L’ÉDUCATION
La coopération espagnole s’associe depuis Haïti, à la célébration de la Journée Internationale de l’Éducation.
Avec 1 million d’euros par an, l’Espagne maintient son engagement dans le secteur de l’éducation en Haïti.
Le soutien à l’éducation en tant que secteur d’intérêt commun a été introduit dans l’Accord de Base et de Coopération signé par l’Espagne et Haïti en 1991 et s’est maintenu sans interruption au cours des 34 dernières années.
Lors de sa visite officielle au Ministre de l’Éducation Nationale, Augustin ANTOINE, le 11 décembre, l’ambassadeur d’Espagne accrédité en Haïti, Marco Antonio Peñín, a profité de l’occasion pour faire le point sur la coopération espagnole dans le domaine de l’éducation, assurant la continuité de cet appui dans les années à venir.
La réunion a permis d’aborder certains des axes de travail en cours, tels que la contribution espagnole au Programme de Cantines Scolaires, le soutien à l’utilisation formelle du créole comme langue d’apprentissage dans les premières années de l’enseignement primaire, ainsi que l’expérimentation pilote de différents aspects de la réforme des programmes en cours.
L’alimentation scolaire est particulièrement pertinente dans un contexte où l’on estime que cinq millions d’Haïtiens souffrent d’insécurité alimentaire aiguë. Pour répondre à ce besoin, l’Agence espagnole de coopération internationale pour le développement (AECID) a approuvé, coïncidant avec la rentrée scolaire, deux contributions à hauteur global de 1,7 million d’euros au programme des cantines scolaires. Cette collaboration visant à fournir de la nourriture à 40 écoles dans 6 districts du Sud-Est est réalisée par le biais du Programme Alimentaire Mondial (PAM) et de l’ONG espagnole Fondation CESAL.
Le Département du Sud-Est a fait l’objet de la plupart des interventions de l’AECID depuis la signature d’un protocole d’accord en 2010. Doté de 15,6 millions d’euros, une bonne partie de ces fonds a été utilisée pour soutenir le secteur de l’éducation. Outre le renforcement du Système d’Information Statistique dans l’Education (SISE), prédécesseur de l’actuel Système d’Information pour la Gestion de l’Education (SIGE), l’AECID a financé le « Plan de restructuration et de modernisation des services éducatifs dans le Département du Sud-Est » (PREMOSE). Le projet a été exécuté par le ministère de l’Éducation Nationale et de la Formation Professionnelle (MENFP) entre 2012 et 2017 et a permis, entre autres, la réhabilitation, la construction et l’équipement de 28 centres éducatifs, dont les trois EFACAP (écoles modèles d’éducation de base avec unités de conseil pédagogique) qui existent dans le département.
Poursuivant ce soutien à l’éducation dans le sud-est du pays, la coopération espagnole a de nouveau financé le MENFP à hauteur de 1,2 million d’euros pour le projet « Renforcement des services éducatifs dans le Sud-Est et amélioration de la qualité de l’enseignement dans le premier cycle de l’enseignement » (EDUKAYITI). Ce projet, qui vient de s’achever en 2024, a également obtenu 2,6 millions d’euros de l’Union européenne, contribuant aux résultats suivants dans les trois axes d’accès, de gouvernance et de qualité dans lesquels s’articule la politique nationale (le Plan décennal pour l’éducation et la formation 2019-2029) :
Les infrastructures scolaires (principalement des bibliothèques, des points d’eau et d’assainissement ou des cuisines) ont été agrandies et améliorées dans 15 écoles.
Les capacités de gouvernance départementale ont été renforcées grâce à la conception de la méthodologie, aux formations, à la collecte et l’analyse de données pour l’élaboration des cartes scolaires pour les 10 communes du Sud-Est-. Les capacités de l’unité de planification, des inspecteurs et des bureaux de district scolaire ont aussi été renforcées.
Un programme de littératie et numératie en langue maternelle développé par la Faculté de linguistique appliquée (FLA) de l’Université d’État d’Haïti (UEH) pour les deux premières années de l’enseignement de base a été testé dans quinze (15) écoles pilotes sélectionnées par le ministère dans le département. Cette méthodologie a été transférée à la Faculté des Sciences de l’Education de l’Université Publique du Sud-Est de Jacmel (UPSEJ) et aux professeurs et conseillers pédagogiques des trois EFACAP du département.
Il est important de noter qu’en plus de la collaboration directe avec le ministère de l’Éducation et de la Formation professionnelle, les ONG espagnoles, en partenariat avec ses partenaires locaux, ont été des acteurs importants pour soutenir le secteur de l’éducation, en particulier dans les zones rurales. De 2010 à 2017, l’AECID a financé des projets avec des ONGD d’une valeur de 3,9 millions d’euros. De 2018 à ce jour, ce chiffre est d’environ 9 millions d’euros. Ainsi, Architecture sans Frontières Espagne (ASFES), en collaboration avec TECHO Haïti, ont investi plus de 2 millions d’euros depuis 2020 dans la construction de 7 écoles dans les communes de Cerca la Source et Thomassique (Département Central). Aussi, grâce à l’alliance stratégique de l’ONG Jeunesse et Développement avec les Salésiens d’Haïti, et entre ceux-ci et l’Institut National de Formation Technique et Professionnelle et la Direction d’Enseignement Secondaire, la coopération espagnole a investi plus de 3 millions d’euros pour contribuer à certains domaines spécifiques de la réforme curriculaire en cours. En particulier, à travers ces organisations, l’AECID a récemment offert une formation à 121 enseignants à l’approche par compétences, facilité des bourses pour l’accès aux études de formation professionnelle à 472 étudiants (356 femmes) et introduit deux nouvelles matières utiles pour l’insertion professionnelle en tant qu’enseignement secondaire technique pilote dans quatre écoles secondaires de la capitale : la maintenance des systèmes informatiques et la conception de sites web.
En matière de formation professionnelle, il convient de rappeler l’expérience de l’introduction à Jacmel du Programme des Ecoles-Ateliers, un modèle de formation professionnelle liée aux métiers de réhabilitation du patrimoine dans lequel le ministère de la Culture était impliqué. Pendant dix ans (2009-2019), 350 jeunes des deux sexes et aux ressources limitées ont été formés et 1,9 million d’euros ont été investis.
D’autres instruments utilisés par la coopération espagnole dans le secteur de l’éducation haïtienne sont ceux du Bureau d’Action Humanitaire de l’AECID. En plus de l’intervention susmentionnée en matière d’alimentation scolaire avec le PAM, 1 million d’euros du Fonds de Relèvement Précoce a été alloué, en partenariat avec l’UNICEF, pour la reconstruction de 4 écoles dans le département du Sud, gravement touché par le tremblement de terre de 7,2 MW qui a eu lieu le 14 août 2021.
Enfin, bien que l’espagnol soit une langue étrangère étudiée au baccalauréat général, il n’existe pas d’enseignement supérieur spécifique en philologie hispanique en Haïti et il n’y a pas beaucoup de professionnels et de diplômés haïtiens qui maîtrisent la langue espagnole. Cela n’a pas empêché le programme Intercoonecta, développé par l’AECID pour les administrations de toute l’Amérique Latine, de permettre la participation d’une trentaine de fonctionnaires du pays à divers cours organisés dans ses 4 centres de formation, à Carthagène des Indes (Colombie), Antigua (Guatemala), Santa Cruz de la Sierra (Bolivie) et Montevideo (Uruguay). Ces dernières années, 36 jeunes ont également bénéficié de bourses de l’AECID pour des cours supérieurs dans diverses spécialités d’intérêt pour le développement.