
Chaque année à Corail et à Canaan, deux communautés dépourvues des services sociaux de base, certaines familles doivent compter les sous aux centimes près pour envoyer leurs enfants à l’école. Depuis trois ans, Marie réside avec sa famille dans le quartier d’Onaville situé à Corail aujourd’hui habité en grande majorité par des ménages victimes du tremblement de terre de 2010 et qui tentent de se reconstruire une nouvelle vie. La jeune femme de 38 ans élève difficilement avec son conjoint leur quatre filles et trois garçons, tous en âge d’aller à l’école.
« J’ai reçu un jour la visite de deux travailleurs sociaux de Terre des hommes chez moi. Ils m’ont expliqué le projet et ont réalisé une évaluation de la situation économique de ma famille. Vue l’état de nos finances, l’un de nos enfants a pu bénéficier d’un appui pour reprendre le chemin de l’école. Ce fut un vrai soulagement pour toute la famille. »
Parmi ses sept enfants c’est une des filles de Marie, qui a reçu de cette assistance scolaire pour une année. Faciliter l’accès à l’éducation pour les enfants issus de familles les plus vulnérables, est l’un des volets du projet baptisé « Améliorer l’accès à l’éducation de qualité pour les enfants vulnérables, particulièrement des filles dans la zone Corail/Canaan » explique le chef du projet Fodelin Jean-Baptiste.
« Les enfants en situation de vulnérabilité sont identifiés par les leaders communautaires qui nous le référent. Nous évaluons leur situation au sein de leurs familles et en fonction de leur besoin nous décidons de leur fournir un appui adapté. Parmi les 400 enfants de zéro à 12 ans pris en charge par le projet, 170 d’entre-deux ont bénéficié de cette couverture scolaire et d’autres types d’accompagnement : médicale ou psychologique. C’est une façon de nous assurer que les enfants bénéficient des bonnes conditions de scolarité. » selon Fodelin Jean-Baptiste.
Aujourd’hui on connait les conséquences de la déscolarisation. Elles hypothèquent non seulement l’avenir d’un enfant et tue ses rêves mais constituent aussi un obstacle pour le développement économique et social des communautés. Le projet financé par la coopération espagnole en Haïti pour une période de 18 mois a également pris en compte tous ses paramètres dans sa mise en œuvre.
« J’ai perdu mon mari durant le tremblement de terre. Je vis aujourd’hui dans un Shelter avec mes six enfants dont un est décédé l’année dernière. Je n’ai pas de revenu fixe et sans mon mari j’ai beaucoup de mal à faire vivre ma famille. Depuis mon arrivée à Onaville, Terre des hommes est la seule organisation à me venir en aide. En plus de cet appui scolaire octroyé à l’une de mes filles, j’ai aussi reçu une aide financière pour lancer un commerce. Dans mon stand je vends de la farine, du sucre et du riz. Cette activité me permet de faire vivre dignement mes enfants. » raconte Rosie une autre bénéficiaire.
C’est un fait incontestable. Pour créer un environnement favorable à l’apprentissage, faut-il que les familles disposent de moyens financiers pour garantir une condition de vie descente aux enfants.
« Afin que les difficultés financières de ces familles ne compromettent pas l’année scolaire de ces enfants, nous avons aussi aidé les familles à identifier, à monter et gérer une affaire à travers la création d’activités génératrices de revenu. Evidemment avant de les lancer dans cette entreprise, ils ont reçu une formation en gestion financière. Puis nous les avons accompagnés à constituer un premier stock de démarrage. Il s’agit pour la plupart de marchandises destinés pour le commerce et la vente au détail. » a précisé Fodelin Jean-Baptiste, le chef du projet.
150 familles ont reçu ce type de soutien matériel pour pouvoir répondre au quotidien, aux besoins de leurs enfants en particulier. L’éducation est une des priorités de Terre des hommes dans le cadre de ce projet et dans cette optique d’autres actions complémentaires ont été envisagées. Par exemple, 200 jeunes, filles et garçons, ont pu accéder à un enseignement professionnel. Ces activités permettent aux jeunes d’avoir un métier professionnalisant. C’est aussi un bon moyen pour les éloigner de la délinquance juvénile et de l’oisiveté. Venir en aide aux enfants les plus vulnérables est inscrit clairement dans l’agenda de Terre des hommes à travers le monde, dont la mission est de renforcer le système de protection des enfants dont les plus démunis.